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7 janvier 2006

Les patins à roulettes

patins"-Oh regarde, il est mignon! Moi aussi quand j'étais petite, j'avais des Fisher price! Et toi, t'avais des patins?
-..."

Je me souviens...J'avais 7 ans je crois bien. C'était l'été, au mois d'août, et j'étais partie avec mes parents et mon frère dans le village voisin, pour manger chez ma grand-mère et jouer avec les cousins. Il faisait beau, et ils étaient tous en patins, à se poursuivre dans les rues. Moi je suis plus jeune qu'eux, mais je voulais être grande, et je les suivais partout. Mais j'avais pas de patins. Alors ma tante a fouillé un peu partout, et m'en a trouvé. Des fisher price, bleu, jaune et rouge, qui pouvait rouler vite ou moins vite... Et mes cousines se sont mis dans la tête de m'apprendre. J'étais jeune, j'étais peureuse! Mais chez moi, la peur on en rigole. Sans m'écouter, elles m'ont attrapé par les mains, et m'ont tiré. Vite, très vite. J'étais terrifié, je me suis mise à pleurer, à crier, à supplier qu'elles s'arrêtent. ( quand je disais que j'étais peureuse...) Et seulement elles ont accepté de s'arrêter. J'étais en larmes, je tremblais, et j'ai frappé, insulté, crié, mordu. Je crois que c'est un de mes pires souvenirs d'enfance. Et si seulement ça n'avait été qu'à cause des patins...

Quelques mois plus tard, en février peut-être, c'est tellement loin, une de mes deux cousines s'est fait renverser par une voiture. 15 ans à peine, en allant au lycée, traversant la même route depuis 5 ans, la route dont tout les habitants réclamaient la sécurisation depuis longtemps. Mais cette fois ci, une voiture ne s'est pas arrêté. Des mois de coma. Handicapée lourdement, et à vie. Plus jamais d'autonomie.
Et dans ma tête de gamine qui interprète tout, je ne pensais qu'à une chose: la dernière fois que je l'ai vue, je l'ai traité de folle, de débile. Dans ma tête, souvent je me disais que j'aurai dû retenir ma langue, moi qui ne parlait jamais...
Oh bien sûr je savais que ce n'était pas de ma faute, que je n'aurai pas pu empêcher l'accident. Mais, il n'empêche que la culpabilité était là.

Je crois que les pires moments que j'ai passé avec cette culpabilité, c'était au collège. Dans l'escalier qui montait au réfectoire, il y avait un tableau que ma cousine avait peint avec des camarades. Et son nom y était inscrit, en gros. Tout les jours pendant trois ans, je passais devant. En allant manger, et en revenant. A chaque fois, le nom me surprenait. Et si je m'étais tue, à l'époque?

Alors bien sûr maintenant, j'ai des années de plus, je sais que je n'ai rien fait, rien dit d'irréparable. J'ai grandi, j'ai compris, et je trouve même ridicule ma réaction. Et je ne vois plus ma cousine qu'exceptionnellement, au détour d'une rencontre avec mon oncle au supermarché, les aléas de la vie familiales. Mais jamais je ne pourrai empêcher l'association de ce souvenir avec la vue de patins à roulettes fisher price...

"-Et alors, t'avais des patins?
-... Oui, des Fisher price aussi, il y a longtemps..."

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Commentaires
D
ton texte est très fort... la culpabilité, c'est terrible... surtout si jeune... surtout comme tu le dis toi-même que tu n'as rien à te reprocher...
Anegdota
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